L’annonce du confinement a fait resurgir les réflexes sexistes et grossophobes de partout. Conserver ses muscles, maigrir, ou du moins, ne pas prendre de poids, est devenu presque plus important que de ne pas attraper le COVID-19. En plus d’être anxiogènes et blessants, ces messages sont souvent faux. Explications.
- Avoir envie de manger lorsqu’on est stressé.e est naturel
Le stress est un facteur de prise de poids. Si satisfaire une envie de manger permet de diminuer ce stress, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. « L’alimentation émotionnelle est un phénomène naturel », précise Elyane, coach en alimentation intuitive. Elle ajoute que « le “souci” c’est quand ce phénomène nous fait souffrir, en général quand les quantités et la fréquence augmentent trop. Mais même dans ce cas, il ne sert à rien de parler de “problème” ou d’une chose “négative”. C’est un fait, il vaut mieux l’accepter, l’accueillir et travailler dessus. Rejeter ce comportement ou le qualifier de “négatif” ne fait que renforcer notre culpabilité, ça ne nous aide pas à travailler dessus : la culpabilité ne fonctionne pas. »
- On ne mange pas forcément plus durant le confinement si on est à l’écoute de ses sensations corporelles
Et c’est logique : si on a moins besoin d’énergie, on n’aura pas envie de vider son frigo et ses placards. Les crises de boulimie sont possibles, mais elles ont une origine psychologique, et c’est sur cet aspect qu’il faut travailler. A ce propos, Elyane nous informe que « le besoin de réconfort peut nous faire manger un peu plus, c’est OK. Là encore, si la fréquence et les quantités sont très grandes, ça n’est surement pas la faute du confinement, mais d’un souci avec la nourriture plus profond qui date bien d’avant le confinement. Le confinement est l’occasion de prendre conscience de ce problème, pour pouvoir travailler dessus par la suite. En quelque sorte, le confinement est une opportunité d’en apprendre plus sur nous-même. »
- On a toujours besoin de se nourrir, même au repos
Même en restant allongé.e toute la journée, la faim peut se faire sentir. Et c’est normal, le corps continue à fonctionner même au repos. Il est possible d’avoir moins envie de manger lorsqu’on se dépense moins, c’est normal, et c’est pourquoi il faut être à l’écoute de ses besoins en priorité. Voici l’explication que donne Elyane : « Le corps fait un tas de trucs sans qu’on s’en rende compte. Même si nous on se repose, lui il ne se repose jamais, y compris pendant la nuit. L’exemple le plus marquant, c’est celui de la digestion, qui est ce qui consomme le plus d’énergie. »
- La prise de poids a souvent pour origine la peur (consciente ou non) de manquer de nourriture
Lorsqu’on se prive de nourriture alors qu’on a envie ou besoin de manger, le corps se met en mode « pénurie » : non seulement il stocke la moindre prise alimentaire, mais en plus il se vengera en réclamant plus (trop) de nourriture. Quand on manque effectivement, cette peur est cohérente. Mais lorsqu’on se prive de manière volontaire, on actionne également ce mécanisme. Elyane confirme ce phénomène en évoquant les études scientifiques sur la perte de poids. « De nombreuses études montrent que la prise de poids est associée à la restriction. Parce que la restriction nous éloigne de nos signaux : on finit par manger plus que notre faim
Et aussi la restriction crée de la nourriture émotionnelle : on ne mange pas par faim, mais pour fuir nos émotions. »
Finalement, en se faisant confiance, il n’y a pas de raison pour que son corps change radicalement. Si, malgré tout ceci arrive, il convient d’accepter ce changement, car il s’agit de circonstances exceptionnelles, où la priorité est de se protéger et de protéger les autres de la contamination. C’est ainsi qu’on est en mesure de se recentrer sur ce qui compte vraiment, loin des considérations futiles qui nous font souffrir car elles pèsent lourd sur notre charge mentale. En effet, la situation de confinement peut générer du stress, c’est contre ce stress qu’il faut lutter, et non contre les conséquences du confinement.
Pour prendre conseil auprès d’Elyane et son équipe, c’est par ici. Vous pouvez également suivre ses réflexions sur l’alimentation intuitive comme thérapie, et sur la grossophobie structurelle de la société sur YouTube et Instagram.
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