Précédemment, nous avons constaté que le crime du viol était à la fois banalisé par la culture du viol et quasi impuni par la justice. S’il est malheureusement difficile de convaincre de ne pas violer, et encore moins possible de se rendre justice soi-même, il est néanmoins possible de s’émanciper de la culture du viol sur le long terme, et sur le court terme de donner de la force aux victimes présumées ou avérées de viol.
Parmi les solutions qu’on peut déployer immédiatement lorsqu’une victime de viol se confie sur ce qu’elle a subi, c’est déjà l’écoute de son témoignage. Il est essentiel de créer un espace de soutien où on ne remet pas la parole de la victime en question, et surtout de faire en sorte que la victime ne soit pas confrontée à son agresseur. C’est une condition essentielle pour permettre à la victime de se reconstruire.
Ensuite, sur le plus long terme et de manière collective, il est essentiel de créer des espaces basés sur la bienveillance où l’on peut former des femmes à l’autodéfense en cas de tentatives de viol et consolider une sororité où la notion d’empowerment serait au centre des préoccupations ; c’est ainsi qu’on peut renforcer des liens de solidarité afin de lutter contre le viol et toute forme d’oppression sexiste.
Puis, lorsqu’on a construit une sororité assez puissante, on a les moyens de transmettre l’éducation populaire autour de la question du viol afin de s’émanciper de la culture du viol et permettre à la société de s’en débarrasser. Cette éducation doit se faire le plus tôt possible afin qu’elle soit efficace, et il est important de valoriser des productions avec des rôles modèles où les relations entre les hommes et les femmes sont basées sur le respect et le consentement. En effet, aujourd’hui, s’il existe une éducation sexuelle qui informe sur les risques de grossesses non désirées et d’IST, il y a encore trop peu d’information au sujet du consentement, alors que la culture du viol envahit nos écrans et notre quotidien.
Finalement, comme l’institution judiciaire ne suffit pas pour combattre le viol, il est nécessaire de trouver d’autres moyens de reconstruction pour les victimes, mais il est aussi surtout impératif de remettre en question la procédure judiciaire dans les affaires de viol. En effet, les suspects de viol sont présumé innocents, ce qui signifie que c’est à la victime de prouver qu’elle a été violée, ; ce qui, de facto suppose que la victime ment tant qu’elle n’a pas prouvé ce viol. La procédure est donc très violente, car la victime se retrouve confrontée à son violeur, elle doit montrer patte blanche en subissant des examens médicaux qui lui font bien souvent revivre son calvaire, et souvent, on utilise le passé de la victime présumée pour douter de sa parole. Cette enquête est donc presque aussi traumatisante que le viol lui-même car reprocher le passé d’une femme pour discréditer sa parole sur la question du viol, c’est un des mécanismes de la culture du viol.
Comment lutter concrètement contre le viol (4/5)
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