Pourquoi transformer la journée internationale de lutte pour les droits des femmes en « journée de la femme », c’est grave

Mar 9, 2016 | Politique, Société | 0 commentaires

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A l’origine, le 8 mars fut l’initiative de Clara Zetkin, journaliste allemande et directrice de la revue L’Egalité, qu’elle a elle-même fondé en 1890. Elle s’inscrivait dans une démarche révolutionnaire en ce qui concerne le droit des femmes. Elle décida en 1910 lors de la conférence des femmes socialistes en 1910 de créer une journée internationale des droits des femmes pour sensibiliser l’opinion en faveur du droit de vote des femmes.
Ce qui signifie clairement que tant que le 8 mars est célébré, cela signifie qu’il y a encore des luttes à mener pour que les femmes soient égales en droit avec les hommes.
Que reste-t-il aujourd’hui, en 2016, de ces revendications ? On pourrait penser que maintenant que le droit de vote a été obtenu dans de nombreux pays, et du moins en France, la lutte féministe n’a plus lieu d’être.
Seulement, voilà. Aujourd’hui, partout dans le monde, et même en France, des inégalités structurelles envers les femmes continuent d’exister et de pourrir la vie de plus de 50 % de la population.
Pourtant, ces inégalités n’empêchent ni les marketeurs d’instrumentaliser cette journée afin d’en faire un événement consumériste, ni aux habituels détracteurs du combat féministe de galvauder le sens de cette journée de luttes.

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En effet, lorsqu’on oublie pourquoi la journée du 8 mars est commémorée et que surtout, ce n’est pas une fête, on contribue à la dépolitisation du combat féministe. Ainsi, on déresponsabilise toujours un peu plus nos représentants politiques qui ne prennent jamais (ou presque) de mesures concrètes tendant vers une destruction du modèle patriarcal  de la société.
Ce qui donne lieu à des situations cocasses, outre la distribution de roses aux travailleuses de genre (supposé) féminin que l’on peut constater dans certaines entreprises, comme les initiatives lancées par les marques ou même certaines mairies énumérées ici. On est donc loin des revendications de 1910, alors qu’il reste encore beaucoup de travail, notamment concernant les violences conjugales, le harcèlement sexuel, la culture du viol, le slutshaming, l’islamophobie, la discrimination à l’enseignement supérieur et à l’emploi qualifié, la représentation au sein des institutions politiques et médiatiques en France. Toutes ces questions sont purement politiques, et tous ceux qui utilisent les événements politiques à des fins mercantiles ou même pour des questions de « bons sentiments » entravent les luttes féministes.
Alors, oui, les blagues sexistes le 8 mars, en plus d’être lourd, c’est grave. Mais ce n’est pas le pire. Les promotions qui réduisent le genre féminin à sa seule dimension de consommatrice, c’est insultant. Les personnes qui pensent que le 8 mars est une « fête », c’est exaspérant. Et ceux qui ne comprennent pas qu’on refuse de troquer notre dignité contre quelques fleurs sont tout simplement ignorants.

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