Lorsqu’on s’engage concrètement, on réalise bien assez tôt qu’il y a un écart (plus ou moins important) entre ses intimes convictions, l’adhésion à une idéologie et la réalité de ses propres actions sur le terrain des luttes de pouvoir.
Cette différence est souvent perçue comme problématique, et utilisée parfois à des fins d’invective personnelle. Pourtant, vouloir à tout prix modifier la réalité pour qu’elle colle à des idéaux théoriques s’avère contre-productif la plupart du temps. Voici pourquoi.
- Percevoir les luttes d’intérêts sous un prisme moral empêche toute forme de réflexion stratégique efficace
D’une part parce qu’il faut garder un minimum de rationalité froide pour mettre toutes les chances de son côté dans la lutte, d’autre part parce que la notion de morale (le Mal versus le Bien), contrairement à l’éthique (basée sur un socle de valeurs) évacue toute forme de nuance, nécessaire à une gestion saine des émotions et à la construction de liens durables.
- La dissonance cognitive peut générer de la souffrance lorsque nos propres intérêts entrent en contradiction avec nos idéaux
Et il est plus accessible d’adapter ses croyances (qui relèvent de perceptions internes) que d’agir sur un contexte où on n’a pas de pouvoir direct.
- Une idéologie sert de repère théorique fixe, alors que les luttes d’intérêts sont constamment en mouvement selon leur contexte
Les paradoxes et contradictions font donc naturellement partie intégrante d’un parcours militant au fil des années. Ce n’est donc pas un problème en soi, mais plutôt une étape obligatoire d’un processus stratégique qu’il faut apprendre à dépasser.
Finalement, si des idéaux permettent de construire des valeurs communes pour générer des actions dans le but de gagner des combats, leur préservation n’est pas une fin en soi. Le purisme militant n’a donc pas lieu d’être, et relève plus d’une dérive sectaire que d’une réelle victoire idéologique.
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