Aujourd’hui, on va apprendre à déceler les inepties dans un article de presse classique.
Prenons l’exemple (au hasard) de l’article du dernier numéro de Marianne.
L’objectif ici est de faire décoller les ventes d’un hebdomadaire, qui malgré les subventions de l’Etat peine à faire entendre parler de lui. Il faut donc en mettre plein la vue, et ce dès la vision de la couverture dans le kiosque.
Et pour cela, rien de mieux que la recette du soufflé. Vous savez, ce plat qui gonfle de façon impressionnante dans le four et qui se ratatine si vous ne maîtrisez pas l’art de sa cuisson ?
Or le problème ici, c’est que visiblement, prendre le nom du symbole de la République française et prétendre s’adresser à ses citoyens n’empêche pas cette rédaction de prendre ses lecteurs potentiels pour des idiots.
En effet, ici le soufflé se ratatine de façon violente, mais le magazine a espéré quand même que personne ne s’en rendrait compte.
Ainsi, comme vous vous en doutez, si la mayonnaise ne prend pas, c’est parce que la tambouille de Marianne est d’abord simpliste avant d’être peu ragoûtante.
Alors, si comme Joseph Macé-Scaron, vous rêvez d’apparaître dans la matinale de BFMTV, que vous êtes plus connu pour votre « copier-coller » que pour vos talents d’écriture et que les ventes de votre magazine sont en perte de vitesse, procédez de la manière suivante :
-
-
-
- Offrez-vous une couverture bien racoleuse comme il faut (avec un sujet bien chaud comme l’Islam), mais ne citez aucun nom, afin d’éviter un procès pour diffamation. Faites mijoter toute la nuit avant la sortie officielle dans les kiosques, afin de tenir tous les becs affamés en haleine. Pour pimenter le tout, rajoutez un petit partenariat avec RMC Info, les grands spécialistes du racolage de l’info.
-
-
@FabriceBoutard ils ne vous citent pas en Une donc ne vous assimilent pas directement pour éviter un procès #batards https://t.co/yds6Ads98J
— BaptisteBérardProust (@ThisisBBP) 21 Mai 2015
2. Dans vos articles, prenez les propos d’un journaliste, sortez-les du contexte, saupoudrez-les d’une bonne dose de mauvaise foi, et SURTOUT, ne vous donnez pas la peine d’interviewer la ou les personnes concernées en bonne et due forme. Il ne faudrait pas prendre le risque de faire preuve d’éthique afin de rendre son travail légitime.
3. N’hésitez pas à remuer énergiquement le tout en illustrant l’article avec une photo non-libre de droits et pour laquelle vous aurez malencontreusement oublié de demander l’autorisation de l’utiliser. Avec ce mélange, vous obtiendrez un goût prononcé de malhonnêteté.
4. Attaquez-vous à un média indépendant (et donc non subventionné) qui gagne ses auditeurs uniquement sur la qualité de son contenu et qui n’a pas le même patron que vous pour ne pas vous brûler les doigts lorsque vous sortirez votre bébé du four.
5. Enfin, -pour que votre soufflé se ratatine de façon spectaculaire-, admettez que les interlocuteurs de l’émission ont « le verbe haut », qu’ils représentent une « élite » et que « le programme a du succès ». Ainsi, vos lecteurs comprendront que ce qui dérange, c’est que les élites de ce pays laissées pour compte dans les médias traditionnels prennent la parole qui leur est due.
Félicitations, votre soufflé s’est maintenant aplati en beauté !
Sur ce, je vous souhaite un bon appétit, si jamais vous n’êtes pas encore écœurés par cet amas indigeste.
0 commentaires