L’un des grands principes de l’improvisation est l’écoute : pour co-construire des histoires, il est primordial d’être disponible pour entendre ce que l’autre a à dire et de le comprendre. Aussi bien par la voix que par les gestes. Le manque d’écoute fait d’ailleurs l’objet d’une faute en match ; le manque d’écoute voir le décrochage (quand le manque d’écoute est répété). Et l’improvisation m’a beaucoup apporté dans cette posture d’écoute. Et ce n’est pas qu’une impression : Mathieu Hainselin, chercheur en neuropsychologie rattaché à l’université Jules Verne – Picardie, a souligné dans cette article, que l’écoute était un outil important en formation et dans la vie de tous les jours. Voici quelques points qui pourraient nous donner des clés pour les relations.
- Écouter, c’est plus qu’entendre.
Entendre n’implique pas nécessairement d’être actif dans le processus. On laisse la personne qui parle parler sans vraiment prendre en compte ce qu’elle dit. En improvisation, on appelle cela un manque d’écoute ou un décrochage, par rapport au fait qu’on décroche totalement de l’histoire et de ses partenaires. L’écoute est le point clé d’une connexion.
- Écouter, c’est valoriser.
En écoutant l’autre, je le valorise dans ce qu’il est. Même si je n’accepte pas ses idées (voir le dernier point), je lui donne une légitimité pour s’exprimer, pour saisir sa pensée.
- Écouter, c’est être plus flexible.
En écoutant l’autre, je lui permets de développer ses idées avant de les mettre en perspective avec les miennes. En improvisation, il est question de co-construire parce qu’une histoire ne se raconte pas seule. Lors de l’élaboration de projets, on ne peut pas véritablement proposer un travail d’équipe sans écouter les propositions. La flexibilité vient alors du fait qu’on n’est pas centré sur nos idées.
- Écouter, ce n’est pas nécessairement accepter.
En improvisation, un des grands principes est l’acceptation de l’idée de l’autre. De la considérer et de l’encenser. Cette acceptation part à la base de l’écoute. Dans d’autres domaines, on ne peut pas tout le temps accepter les idées des autres. Les causes de ce refus peuvent être multiples mais dans tous les cas, nous pouvons faire un retour en toute connaissance de cause à l’autre.
Comment alors bien écouter ?
Pour apprendre écouter, on utilise quelques exercices que vous pouvez tenter, pour certains, d’appliquer dans la vie de tous les jours.
- Une phrase à la fois : Lors d’une saynète improvisée, on a le droit de dire qu’une phrase à la fois. Cela oblige à deux choses : être précis dans les informations et bien écouter l’autre dans ce qu’il donne. L’improvisation ne se construit alors que quand l’écoute est bonne et qu’on n’est pas déjà en train de préparer sa prochaine phrase (ne pas anticiper est primordial).
- Le miroir : Une personne raconte une histoire. L’autre reproduit les mêmes tics. Cet exercice, qui paraît peu valorisant de prime abord, permet de prendre conscience de son corps et des mouvements qu’il peut faire sans que vous en ayez conscience.
- Rimée : Une improvisation rimée a cela d’intéressant qu’il faut attendre la fin de la phrase pour commencer sa phrase. Comparable à la une phrase à la fois, cela nous pousse à ne pas interrompre les personnes.
En bref, prenez le temps de laisser les personnes aller jusqu’au bout de leurs phrases, de ne pas les interrompre et d’être actif.ve dans l’écoute.
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